Retour sur l’éditorial : Bernard Charlès (Dassault Systèmes) : « La période appelle une transformation radicale »

Voilà qui va vous plaire : Un nouveau post que nous venons de trouver sur internet et que nous vous reproduisons ci-dessous. La thématique est « voitures de collection ».

Son titre (Bernard Charlès (Dassault Systèmes) : « La période appelle une transformation radicale ») synthétise tout le post.

Sachez que l’auteur (annoncé sous la signature d’anonymat
) est connu et fiable pour plusieurs autres papiers qu’il a publiés sur internet.

La confiance est de ce fait substantielle concernant ce papier.

Le post a été publié à une date indiquée 2022-06-05 09:17:00.

Voici ll’article :

Bernard Charlès est depuis vingt-sept ans le directeur général de Dassault Systèmes, champion mondial du logiciel et des services. Cette filiale historique du groupe Dassault, très présente dans des secteurs comme l’aéronautique, l’automobile et la santé, a révolutionné l’industrie en remplaçant les prototypes physiques par une modélisation en 3D des produits et de leur cycle de vie. Son directeur général est aux premières loges pour observer les chocs à répétition subis depuis deux ans par ses grands clients. Son mot d’ordre en ces temps compliqués : la frugalité… 

L’Express : Au sortir du premier confinement, il y a tout juste deux ans, vous observiez dans une interview à L’Express que le choc pandémique avait été brutal pour des entreprises et des dirigeants s’inscrivant implicitement dans un fonctionnement « en vitesse de croisière », qui les amenait à prendre surtout en considération des risques « prévisibles ». Après le Covid-19, la guerre en Ukraine et les manifestations de plus en plus concrètes du réchauffement climatique dessinent au contraire une nouvelle « normalité », faite de secousses en série, aux effets inattendus. Comment y faire face ? 

Bernard Charlès : L’époque nous bouscule de toutes parts, c’est vrai. Et ce qui me frappe, dans cette séquence, c’est que nous sommes confrontés à des événements de natures très différentes – sanitaire, géopolitique, énergétique, climatique… -, dissociés en apparence, mais qui pourtant convergent vers une même problématique de résilience. Chacun sent bien que la résolution de cette équation complexe, aux multiples inconnues, appelle une transformation radicale. Les ruptures à l’oeuvre nous amènent à nous interroger sur nos sources d’approvisionnement, nos chaînes de production, nos dépendances. Autant de questions qui, pendant des décennies, n’avaient pas lieu d’être, car nos organisations et nos schémas mentaux étaient statiques.  

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Tout se caractérise au contraire aujourd’hui par une immense instabilité, qui doit nous conduire à optimiser différemment nos systèmes de production, en passant d’une logique de coûts à une logique de valeur, qu’elle soit environnementale, d’usage ou sociétale… Au coeur de cette mutation fondamentale, il y a la notion d’écobilan. A chaque maillon de la chaîne, vous vous posez la question de votre empreinte, de la matière consommée, du procédé utilisé. Vous ne concevez plus un produit pour qu’il vous coûte le moins cher, mais pour qu’il entraîne le moins de gaspillage possible. Les outils de virtualisation nous aident beaucoup de ce point de vue, car ils nous offrent une compréhension parfaite du cycle de vie d’un produit, de la conception au recyclage, en passant par chaque étape de sa fabrication. Au regard des sujets que nous évoquons, cela peut paraître anecdotique. Je pense, moi, que ces avancées technologiques sont essentielles, car ce sont elles qui nous convertiront à la frugalité. 

Une frugalité qui n’est donc pas synonyme de décroissance, si on vous entend bien… 

Evidemment pas ! Lorsque vous adoptez cette approche holistique et que vous l’appliquez à tous les secteurs d’activité, vous vous apercevez très vite que notre système est massivement sous-optimisé, et que sans mesure coercitive, sans changer radicalement de mode de vie il est possible d’économiser des gigatonnes de CO2. Comment ? En s’attaquant simplement au gaspillage généralisé à tous les maillons de la chaîne. Je vais vous en donner un exemple, qui m’atterre… Savez-vous comment les acteurs du packaging, partout dans le monde, s’assurent de la solidité de leurs emballages ? Ils chargent des palettes dans des camions, qu’ils font rouler pendant plusieurs jours pour vérifier l’état du chargement après un long trajet, dans des conditions normales d’utilisation. Vous imaginez le bilan carbone de l’opération ? Sans compter que lorsque les palettes reviennent, une bonne partie finit à la poubelle parce que des emballages ont été endommagés. Bref, une aberration totale.  

Eh bien je plaide pour ma paroisse, mais grâce à l’un de ses logiciels, et en intégrant tous les paramètres utiles, Dassault Systèmes est capable de déterminer la façon dont va se comporter un chargement sans faire bouger le moindre camion. Voilà un exemple concret d’optimisation qui permettrait d’éviter un gaspillage colossal à l’échelle de la planète. Vous conviendrez que la solution que je décris est plus puissante que le tri et le recyclage de vos cartons ! 

Autre levier gigantesque : la reformulation des produits de grande consommation. Sans qu’on le sache forcément, elle a déjà commencé. Un peu partout dans le monde, les fabricants repensent leurs produits, pour éviter d’utiliser telle ou telle matière, pour en diminuer le caractère nocif ou polluant, etc. Il s’agit bel et bien d’appréhender l’intérêt du produit dans son usage, en renonçant à tout ce qui est inutile, mal calibré ou néfaste. 

Ce basculement d’une économie de produits vers une économie d’usage, vous le théorisez depuis dix ans chez Dassault Systèmes. Pourquoi se concrétiserait-il aujourd’hui ? 

Parce que les ruptures technologiques que nous sommes en train de vivre nous offrent précisément la plasticité qui nous permettra de répondre aux défis actuels et à venir, de repenser nos chaînes d’approvisionnement, de fabrication, et de favoriser une nouvelle répartition du travail. Dès lors que vous avez une image virtuelle reproduisant fidèlement ce qui se passe dans le monde réel, tout devient adaptable, malléable, alors que la réalité est dure à modifier.  

Le monde virtuel offre une formulation d’hypothèses extraordinaire, et la capacité de les vérifier, en réunissant des groupes de personnes dans un processus collaboratif. Ça change radicalement tout ! Avant de décider quoi que ce soit, vous disposez des informations qui vous permettent de comprendre ce que vous allez faire et l’impact de vos décisions. On retrouve cette notion de frugalité, de parcimonie, cette capacité à produire seulement ce qui est adapté à l’usage, en appliquant cette nouvelle logique à tout le procédé de fabrication. Je pense que les usines de demain ne seront pas des usines de produits, mais des usines d’expériences. D’ailleurs, diriez-vous que Tesla se résume à ses usines de voitures ? Non, Tesla, ce sont aussi des plateformes en ligne, un véhicule qui roule et des services offerts aux conducteurs : mise à jour, aide à la conduite, etc. Tout cela dessine un environnement physique et virtuel qui constitue le système de production de valeur de Tesla. Ce n’est pas du rêve, c’est bien réel ! 

Les avancées technologiques sont une chose, mais, pour qu’un changement d’une telle ampleur s’enclenche, il faut également que les esprits évoluent. En dehors de quelques entrepreneurs avant-gardistes comme Elon Musk, diriez-vous qu’un mouvement de fond s’est amorcé dans le monde de l’industrie et des services ? 

Pour être honnête, je l’observe surtout chez les shakers, ceux qui secouent le paysage économique. Presque par nature, les acteurs de la mobilité électrique, par exemple, sont déjà acquis à la cause. Lorsqu’ils conçoivent un véhicule, ils intègrent dès l’origine ses conditions d’usage, en déduisent l’optimisation du design et de la production, les services associés à cette mobilité tout au long de son existence. Même chose pour les start-up qui commencent à fleurir dans l’agriculture verticale, qui ne se contentent pas de cultiver des fruits et légumes en milieu urbain, mais organisent les flux logistiques, toutes les interactions générées par leur business. Oui, les shakers ont compris ce qui se jouait.  

L’enjeu est désormais d’ouvrir les yeux du plus grand nombre, des acteurs traditionnels et des poids lourds de l’industrie. Ce n’est pas facile, cela dérange les habitudes. Mais c’est le sens de l’Histoire, et, après tout, dans le secteur automobile ou l’aérien, il nous a fallu trente ans pour convaincre certaines entreprises qu’il pouvait être utile d’exploiter leurs données numériques pour améliorer leurs process et éviter les erreurs… Elles ont fini par y venir ! J’ajoute un point essentiel à mes yeux : la révolution que j’appelle de mes voeux suppose bien entendu que les forces vives de demain soient parfaitement formées, sensibilisées aux enjeux que je viens de décrire. Sans cela, nous risquerions de les voir simplement reproduire ce qui se faisait auparavant, se perdre dans un système qui n’est plus adapté à leurs besoins. Il nous faut repenser les cursus de formation en réhabilitant les matières scientifiques, imaginer de nouveaux contours de jobs, de nouvelles façons de travailler, intégrer les jeunes en se nourrissant de leurs connaissances et de leurs envies plutôt qu’en leur imposant nos vieux schémas de pensée. Le chantier est immense. Mais il est vital. 

Et les politiques dans tout cela ? Qu’attendez-vous d’eux pour répondre aux gigantesques défis du moment ? 

J’en veux beaucoup aux dirigeants politiques. En ces temps compliqués, appelant des réponses structurées, réfléchies, une vision globale, la superficialité est une faute. Or, que ce soit pendant la crise sanitaire ou face à l’urgence climatique, je ne perçois pas une réflexion de fond. Ceux qui nous gouvernent ne prennent plus le temps de réfléchir, et, ce qui est plus grave encore, ceux qui les entourent et les conseillent non plus. C’est dramatique, car on ne construit rien de solide sur du sable. Or les périls qui s’annoncent exigent de la solidité et de la cohérence. Il faut s’occuper des sujets, pas se contenter de les commenter.  

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Au risque de choquer, et sans porter de jugement sur la nature du régime, je peux vous dire que lorsque vous rencontrez le ministre chinois de l’Innovation ou de l’Industrie, vous avez en face de vous quelqu’un qui connaît ses dossiers dans les moindres détails, et à qui vous ne racontez pas d’histoires. Dans une époque comme la nôtre, cela fait toute la différence… 

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